Il fallait oser donner au poisson bleu emblématique, mais démocratique de Mahdia, le titre d’un livre a priori des plus sérieux. Béchir Mahjoub l’a fait, rendant hommage à la sardine que, dans sa jeunesse laborieuse, il a contribué à saler. Après tout pourquoi pas ? Les Mahdois lui ont bien consacré une chanson célèbre qui inaugure et clôture toute festivité !
C’est que Béchir Mahjoub peut se permettre d’être insolent. Véritable icône dans sa ville natale, il a enseigné la moitié de ses habitants, toutes générations confondues. Ce Mahdois bon teint présentait l’autre jour son livre devant un parterre attentif. Emu et émouvant, il racontait sa rage de réussir dans le seul but, à l’époque, de ne pas faire le service militaire et être envoyé à la guerre comme son père. En fait, c’est ainsi que l’auteur a commencé à dérouler ses souvenirs.
En aidant sa petite-fille à composer un devoir sur un parent ayant fait ou vécu une guerre. Son père à lui était un poilu de la grande guerre, lui a vécu les affres de la seconde. Puis il fut saisi par la fièvre des mathématiques qui le mena aux plus hauts sommets en Tunisie, mais aussi à l’Unesco ou au Qatar. Ni vraiment mémoire, ni vraiment récit, ce livre est un témoignage d’un parcours, d’une tranche de vie et d’histoire, construit avec rigueur et cohérence. Ce grand commis de l’Etat raconte avec pudeur, justesse et humilité, les défis rencontrés, les sacrifices consentis, les obstacles surmontés et les satisfactions obtenues. En un mot, une vie d’homme.